Une vie à travers un clavier

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04 septembre 2006

Où allons-nous ?

Le monde dans lequel nous vivons me décourage en de nombreux points. Guerres, famines, violence gratuite, haine, le monde me semble d'une noirceur qui ne fait que s'agrandir d'année en année. Mais lorsque je regarde l'avenir, le portrait n'est guère plus réjouissant, et ce même à un niveau régional.

J'écoutais un reportage sur la situation du système d'éducation québécois et on ne peut dire que le portrait soit très rose. Il y a une si forte pénurie d'enseignants qualifiés en ce moment qu'on rappelle à la hâte ceux ayant décidé de quitter cette fonction pour jouir de leurs beaux jours. Pire encore, en début d'année, certains enfants ont été renvoyés à la maison dès leur entrée. Cause ? Aucun enseignant disponible pour leur transmettre un savoir nécessaire dans cette vie où nous devons avoir un minimum d'éducation pour se débrouiller.

En ce moment, il y a 1 054 enseignants n'étant pas qualifiés qui enseignent sur le territoire québécois. Attention, cela ne veut pas dire qu'un professeur de mathétiques n'a pas les compétences requises pour enseigner sa matière. Il possède un diplôme en bonne et due forme pour enseigner la matière qu'il doit transmettre. Le problème est plutôt du côté de la pédagogie. Ces pseudo-enseignants (appellons-les comme cela) n'ont pas la formation nécessaire pour être devant une classe afin de transmettre leurs connaissances. Ils sortent de l'université avec un BAC en mathématiques, français, anglais ou une quelconque autre matière, mais sans avoir la formation pédagogique nécessaire pour se poster devant une classe. À peine ont-ils le temps de terminer leur BAC qu'ils sont arrachés à leurs bancs d'école pour aller se poster sans formation devant une classe. Par après, comment ils transmettront leur matière, ce n'est plus l'affaire du gouvernement ou du système d'éducation; ils ont déniché une "perle rare", peu importe s'il sait ou non transmettre sa matière, l'important est qu'il soit en poste et que les étudiants aient devant eux un "professeur", point à la ligne.

La question que l'on peut se poser est où l'on s'en va dans une telle impasse. Vous me direz, avec raison, que certains enseignants n'ont pas besoin de formation pour transmettre leur savoir, qu'ils peuvent tout aussi bien enseigner avec ou sans un diplôme en pédagogie. Sur ce point, vous avez raison. Mais est-ce le cas pour tous ? Non, loin de là. Que faire avec celui qui désire enseigner, mais qui ne sait pas comment s'y prendre, quels moyens utiliser pour intéresser ses étudiants, quels trucs employer pour maintenir une certaine discipline dans sa salle de cours tout en transmettant efficacement ses notions ? On le prend et on le jette sans formation devant une classe sans lui demander son avis, privé lui-même de notions nécessaires pour éduquer les jeunes qui se trouveront devant lui ? Quel beau risque prend le gouvernement en ne formant pas ses enseignants comme il se doit. Le danger réside justement dans le fait que sans formation adéquate, l'enseignant risque de perdre l'intérêt de ses étudiants. Et, surtout à l'adolescence alors que l'intérêt pour l'école est bien souvent à son plus bas, n'y a-t-il pas un danger que toute forme de motivation pour les adolescents envers l'école se perde en raison d'enseignants n'étant pas qualifiés pour enseigner ? Et que faire ensuite avec des adolescents n'étant que très peu motivés pour se pointer devant un professeur n'étant pas apte à enseigner et ne sachant pas nécessairement comment motiver et transmettre sa matière de façon intéressante en l'absence de formation ? Prendre le risque qu'ils décrochent ? Les laisser passer avec une moyenne croulant à chaque année (selon les statistiques, ce processus serait déjà enclenché) ? Est-ce cela l'avenir du Québec, former des jeunes à l'aide de personnes incompétentes pour effectuer cette tâche et continuellement niveler par le bas à l'aide de notes toujours plus basses et d'étudiants avec lesquels on prend le risque de voir la motivation continuellement décroître ?

Ne comptez pas sur le gouvernement pour corriger la situation à court ou moyen terme, il est acculé au pied du mur et le sait très bien. En fait, ce que le gouvernement ne sait pas, c'est comment sortir de ce cul-de-sac le serrant à la gorge toujours un peu plus d'année en année. J'écoutais Jean-Marc Fournier répondre à cette situation et ses dires m'ont laissé si froid, si découragé par la vision de notre propre gouvernement que ça en était risible. "Ce n'est pas grave, les profs ont juste à enseigner en ce moment puis ils parfairont leurs compétences avec le temps." Wow, bravo Jean-Marc, en plus de donner sept ans à un enseignant pour terminer son cours en pédagogie, voilà que tu te fous du problème actuel avec l'espoir qu'il se réglera avec le temps, quelle belle façon de corriger un problème. Désolé, mais un enseignant n'ayant pas terminé sa formation et voyant une plénitude d'emplois lui étant offerts aura quelle motivation à aller terminer son cours ? Et le professeur sans formation pédagogique et étant très loin d'être un pédagogue exemplaire ne le deviendra pas avec le temps; pour le devenir, ça prend des ressources (donc une certaine formation), un certain talent inné ET du temps, pas un seul de ces facteurs.

Après les médecins et les infirmières, voilà qu'on se retrouve plus que jamais dans une autre impasse avec les professeurs. En prenant conscience de tout cela, je vous le redemande: "Où allons-nous ?"

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