Une vie à travers un clavier

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14 janvier 2007

Queue Leu-Leu jusqu'à 6h du matin

Hier après-midi, le téléphone sonne. Clo me demande de l'accompagner à son party d'adieu de son ancienne job vu qu'elle a peur de se sentir toute seule. Je refuse, ça ne me tente pas, mais Clo a une vraie tête de mule quand elle veut et elle pousse, elle pousse, elle pousse jusqu'à me faire céder. Disons que ses arguments et sa détermination à vouloir ce qu'elle veut finissent habituellement par faire céder n'importe qui. De toute façon, on est pas sensés rentrer tard, côté de la soirée qui a évidemment changé une fois que nous étions dedans.

8h30, on part, non sans d'abord aller faire un tour à l'hôtel où elle travaille le lendemain à 7h (parce que même si elle travaille le lendemain de bonne heure, Clo s'en fout, elle VEUT sortir). Après une heure à gosser un peu partout dans le froid de l'hiver qui semble vouloir (enfin) s'installer, nous prenons l'autobus Jarry en direction du métro. On jase, elle parle au téléphone (une vraie fille) et tout d'un coup, un vieux qui a sûrement violé les lois concernant la consommation de stupéfiants par le passé et dont le résultat sur les cellules de son cerveau s'en font désormais grandement sentir me regarde et me lance tout bonnement "Hey, avec tes piques sur la tête, t'as l'air d'un rhinocéros". Hum, ok, je lui lance un regard, essaie de ne pas lui accorder trop d'attention pour éviter qu'il ait ses 5 minutes de gloire, mais lui, il veut me parler, il le veut vraiment. Alors, il insiste, continue à faire plein de remarques douteuses qu'il trouve très drôle et nous suit jusque dans le métro. Ça m'a toujours agacé de me faire "aborder" de la sorte par de purs inconnus dans le transport en commun, j'aime pas ça, surtout que j'ai la manie de pogner des abuseurs d'alcool ou de produits chimiques. Mais bon, je lui accordais peu d'importance et j'ai pas mal réagi à ses propos alors lui se trouvait drôle pendant que moi je m'en foutais comme l'an 40.

9h30, on arrive à Champs-de-Mars, Clo salue ses amis de son ancienne job et oublie de me présenter. Donc, pendant une dizaine de minutes, je passe pour un colleux qui suit un groupe comme ça, tout bonnement, dans le Vieux-Port. Puis, Clo se rappelle que j'existe, me présente enfin, mais pour une raison que j'ignore, je ne me fondais pas dans ce "cercle" d'amis. Mentalité trop jeune peut-être ou tout simplement des personnes que je ne fréquenterais pas, chose certaine, je ne me suis jamais vraiment senti dans le groupe non seulement à ce moment, mais pendant le reste de la soirée.

Après une promenade dans le Vieux et quelques minutes d'attente en file avec un doorman vraiment plus petit que moi (je me demande où ils les recrutent des fois), on entre à La Queue Leu-Leu. L'endroit a l'air correct, réparti sur deux étages, le premier servant à danser sur tout ce qui s'y trouve (bancs, tables, pistes, stage) et le deuxième à juste parler ou bien à aller déverser les quantités de bières et autres boissons alcoolisées ingurgitées au cours de la soirée. La première partie de cette dernière fut peu enlevante, pour ne pas dire ennuyante. À la Queue Leu-Leu, non seulement y a-t-il une animation très lassante qui vient couper le flot de musique, mais ils invitent aussi des chansonniers sur scène qui sont corrects, mais sans plus. Celui d'hier a d'ailleurs brisé l'une de ses cordes au beau milieu d'une chanson, ce qui n'a pas dû lui plaire vu la valeur que semblait avoir sa guitare. Pendant une bonne partie de cette première portion de soirée, je me suis également retrouvé seul, dans mon coin, à entendre des chansons de différents styles, mais ne m'amusant aucunement. Il y avait trop de monde sur le stage pour que j'aille rejoindre Clo et comme je l'ai dit, je ne me fondais pas dans son groupe d'amis. J'ai pensé quitter puisque je m'emmerdais à fond et j'ai alors pensé à ce que Steph m'a dit un jour, à savoir que si t'es pas bien à une place et que t'as la chance de partir, ben décrisse. Mais bon, je suis resté quand même pour je ne sais quelle raison, peut-être parce que je savais que la deuxième moitié serait plus intéressante.

Et pour cause puisque la musique est soudainement devenue meilleure, les interruptions de l'animation moins fréquente et mon désir de participer à cette soirée plus grand. J'ai commencé à danser au sol avant de carrément embarquer sur les tables pour me déhancher, ce que je fais d'ailleurs avec brio sans vouloir me vanter. En fait, selon les dires de Clo, je danse de façon assez intéressante maintenant et je me déhanche plus fluidement qu'auparavant. Je clanchais d'ailleurs plusieurs gars assez facilement et je me suis attiré plusieurs regards au cours de la soirée. Par contre, je prends beaucoup de place, mais bon, on est hot ou on l'est pas.

Cette soirée qui devait se prolonger jusqu'à 1 heure s'est finalement terminée à plus de 3 heures. En effet, dans le feu de l'action, Clo s'est foutue de l'heure, m'affirmant qu'elle paierait le taxi et qu'on devait profiter de la soirée. Pas de trouble pour moi, quoique mes jambes ont commencé à manquer de jus à un certain moment. Mais, quelques minutes assis et l'alcool ont fait en sorte que je me suis remis à danser jusqu'à 3h un peu partout, sauf sur le stage où des spectacles disons assez dégradants avaient lieu (quand tu vois une fille se faire déshabiller par un pur inconnu devant tout le monde, ça laisse pantois...)

Finalement, 3h est arrivé, on a réussi à se quêter un lift jusqu'à l'hôtel de Clo. Mais le sommeil ne nous attendait pas ni pour l'un ni pour l'autre, d'autant plus que j'avais excessivement faim. Danser pendant 4h, ça creuse l'appétit de son homme et j'avais une grande envie de beignes (pourquoi, fouillez-moi). Donc, arrêt au Pétro-Canada m'acheter deux beignes que j'ai mangé en moins d'une minute dans la chambre de Clo. Parle, parle, jase, jase, il était rendu plus de quatre heures du matin quand Clo a également eu une fringale nocturne (ou plutôt matinale). Retour au Pétro-Canada, ce qui nous a valu les regards plutôt inquiets du caissier qui nous voyait deux fois de suite en moins de 30 minutes (ce qui est suspect à 4h du matin, je l'avoue). Retour une fois de plus à l'hôtel où on a continué à parler jusqu'à 5h30, moment où Clo m'a mis à la porte et où j'ai dû me résigner à combattre le froid afin de regagner ma petite maison à 6h du matin (ce que je déclare être l'heure la plus tardive à laquelle je suis jamais rentré chez moi :P).

En gros, ce fut une belle soirée à laquelle je ne regrette pas d'avoir participé, même si les deux premières heures furent assez longues. En terminant, j'aimerais ajouter un point qui m'a assez troublé, pas ne pas dire choqué. L'hôtel où Clo travaille est deux/trois étoiles, donc les clients ne sont pas tous "cleans". Or, hier, j'en ai eu la preuve en voyant la prostituée sortir avec le vieux Italien plein aux as qui trompait sûrement sa femme pendant les minutes précédentes, la fille de peut-être 18/19 ans qui rentre avec deux gars dans une chambre ou bien le saoulon qui pisse carrément en public sur une poubelle. Ça, en tant que tel, ça ne me dérange pas. Ok, c'est pas le plus beau des spectacles de voir une fille rentrer dans une chambre avec deux gars ou bien la prostituée sortir avec le vieux de la chambre, mais bon, ça existe et ça ne me concerne pas ce qu'ils font dans la chambre. Mais ce qui m'a dérangé, c'est de voir la prostituée aller au volant de sa voiture, la bière à la main, saoule et/ou gelée et partir dans cet état. Je sais que ce métier n'est pas facile et qu'il faut souvent être dans cet état pour le faire, mais la voir prendre le volant comme ça avec le risque qu'elle fasse des victimes innocentes sur la route, ça m'a désolé et, dans un sens, frustré, même en sachant que la fille n'a probablement pas choisi ce métier et qu'elle est, elle-même, une victime dans tout cela...